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JDG Infos

22 février 2016

Autour de l’ouvrage « Haïti : de la dictature à la démocratie ? »

L’ouvrage « Haïti : de la dictature à la démocratie ? » publié par les ÉDITIONS MÉMOIRE de Montréal sous la direction de Bérard Cénatus, Stéphane Douailler, Michèle Duvivier Pierre-Louis et Étienne Tassin rassemble les interventions présentées au colloque sur ce thème qui s’est tenu à Port-au-Prince en juin 2014. L’éditeur Rodney Saint Éloi fait un bon coup avec cette publication au risque de courroucer certains et d’offusquer d’autres. C’est que l’ouvrage collectif propose le déchiffrage de l’impunité : une cruauté insolente au cœur de la formation sociale haïtienne depuis plus de deux siècles. En effet, avec rigueur et imagination, plus d’un tiers des 32 intervenants ont approfondi ce thème tandis que les autres ont apporté des informations et analyses complémentaires sur cette ornière dans laquelle Haïti ne cesse de s’enfoncer.

En ce temps de rareté de pensée cohérente et structurée, ceux qui veulent faire du shopping pour habiller leur cerveau seront heureux. Il vont se retrouver sur la route menant au paradis tant ils auront des trouvailles. Cela va de Laënnec Hurbon à Frédéric Gérald Chéry, de Franklin Midy à Jean-Joseph Exumé, en passant par John Picard Byron, Wien Weibert Arthus, Sabine Lamour, Danièle Magloire, Vertus Saint Louis, Lewis Ampidu Clorméus, etc., le tout avec une préface du philosophe français Étienne Balibar. De vraies pilules à penser !

L’expérience haïtienne des tentatives de passage de la dictature à la démocratie est explorée dans ses artifices et ses apparences. Depuis Toussaint Louverture, Dessalines et Boyer dans leur combat contre les Africains dénommés Sans Souci et Darfour jusqu’au gouvernement de Michel Martelly. Tentative de reconstruction de la mémoire que ce dernier gouvernement a tout fait pour caricaturer jusqu’à son extrême aboutissement par des commémorations carnavalesques. L’une des formes prises par la dictature pour « légitimer le chaos social » (Jerry Michel, page 236) a été de dire drôlement les choses sérieuses et sérieusement les choses drôles.

L’univers de l’impunité en Haïti est questionné par le philosophe Jacky Dahomay qui écrit : « la chute de la dictature est symbolisée par la victoire de Jean-Bertrand Aristide et de son mouvement Lavalas. De la chute de la dictature au retour des duvaliéristes au pouvoir aujourd’hui il y a bien eu au pouvoir le mouvement Lavalas avec les présidents Aristide et Préval. En quoi ont-ils procédé au devoir de mémoire ? » (page 471). La lumière projetée fait que les mystifications s’évaporent et que seul demeure l’essentiel. Des éléments pour se ressourcer à partir d’une remontée aux origines. Un voyage à l’envers. À contre-courant. Mais la réflexion n’est pas exclusive à Haïti.

Elle s’étend aussi à l’Argentine et l’Afrique du Sud avec Étienne Tassin et Maria Freir ; à l’Allemagne avec Christophe David ; au Brésil, à l’Uruguay et au Chili avec Marcelo Raffin. Des interventions qui prennent le relais. Avec la même frénésie. Le même engouement. Comme des icebergs au-dessous desquels il y a une immense connaissance sur l’expérience traumatisante de la dictature, de la mémoire, de « la banalité du mal » d’Hannah Arendt et de la justice rétroactive.

À un moment où le bilan de la société haïtienne est négatif, où le moindre check-up révèle les tensions qui la bouleversent, l’ouvrage montre avec une force irréductible l’existence de l’homme que Diogène cherchait. Le regard sévère des auteurs affiche une volonté d’écarter le malheur en refusant de sombrer dans l’hébétude. C’est l’expression théorique de ces hommes et femmes à colonne vertébrale qui ont refusé le 22 janvier 2016 d’être les parfaits jouets des puissances tutrices.

Georges Jean-Daniel

Radio Xplosion 96.5 FM Gonaives Haiti

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21 février 2016

Des millions bloqués par l`Union Européenne pour mauvaise gestion des Tèt Kale!

L’Union européenne a fait le point, ce vendredi 19 février, à Pétion-Ville, sur l’appui budgétaire fourni à Haïti depuis 2014. Si certaines étapes sont encourageantes, d’autres déçoivent par contre. Le bailleur se montre exigeant et va parfois jusqu’à annuler certains décaissements faute de pièces justificatives.

 

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En dépit de la disponibilité de 110 millions en appui budgétaire et 12 millions d’euros en appui institutionnel, 6,5 millions d’euros ne sont pas décaissés en 2015 par l’Union européenne (UE) dans le cadre de son accord avec l’État haïtien.  Faute par l’État haïtien de rendre des comptes correctement, ces fonds vont demeurer dans les caisses du bailleur de fonds au moment où le pays a besoin de ressources pour faire fonctionner l’appareil étatique. L’État haïtien n’a pas été capable de justifier certains montants de l’appui budgétaire à Haïti. Ainsi, 6,5 millions de la somme totale de cet appui ne seront pas décaissés par le bailleur de fonds. L’UE veut prendre des précautions pour ne pas alimenter la corruption dans un pays où les moyens financiers sont déjà très limités. Dans l’accord relatif à cet appui budgétaire, signé le 25 juin 2014 entre les deux parties, il était entendu que certaines sommes ne seront pas versées si les objectifs ne sont pas atteints.

Cet appui qui contient des tranches fixes et d’autres variables prévoit d’annuler certains décaissements. « Le fait que l’État n’applique pas de bonnes politiques macro-économiques peut mettre en cause une tranche fixe », a précisé le chef de la délégation de l’UE en Haïti. Le bailleur demande parfois de prouver les progrès accomplis dans les domaines de finances publiques dans le cadre de la mise en œuvre des politiques générales de l’État.

 

Georges Jean-Daniel

Radio Xplosion 96.5 FM stereo Gonaives

la puissance explosive!!!!

17 février 2016

Le pire ennemi de Martelly c’était Martelly lui-même

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De ses promesses pharaoniques de campagne, les unes plus farfelues que les autres, on retiendra très peu de réalisations structurelles concrètes. Les cinq «E» du président Martelly se sont finalement révélés muets. Le projet-phare de son programme d’éducation, le Psugo, n’a nullement aidé à résoudre le problème crucial d’accès des masses à une éducation de qualité. 

Au contraire, il laissera un lourd héritage, difficile à gérer par les gouvernements futurs. Puisqu’il sera quasiment impossible d’arrêter le programme pour les actuels bénéficiaires, de peur de laisser des enfants défavorisés en dehors de l’environnement scolaire. Il a déjà coûté plus de 7 milliards de gourdes au Trésor public, alors que l’on sait qu’il ne résoudra pas le problème d’insuffisance de l’offre scolaire publique de qualité. 

Ironie du sort, en poursuivant la logique de subvention de la scolarité de ces élèves, l’État n’aura pas les moyens d’investir dans la construction d’écoles publiques, leur administration et la formation des maîtres. Il ne pourra donc pas envisager une vraie politique publique d’accès à l’éducation. Voilà un exemple classique d’allocation inefficace de ressources publiques et de mauvais choix politiques.  Des choix qui ont conduit le régime Martelly à endetter largement le pays : plus de 1,72 milliard de dollars américains de dettes, à peu près le montant du budget annuel de l’État, sans résoudre des problèmes spécifiques. 

Plus rien de structurel à noter dans la gestion de l’environnement.  Sur l’emploi, on est très loin des 400 000 emplois rêvés par le président Martelly depuis sa deuxième année au pouvoir. On ne compte pas de politique énergétique précise pendant que le gâchis institutionnel et électoral démontre éloquemment l’échec des efforts entrepris dans le cadre de l’émergence d’un État de droit.  

Autant dire que le passage du président Martelly au pouvoir a rendu plus improbable le décollage économique national à moyen terme alors qu’il promettait le décollage économique immédiat.

Quelles sont les causes de cet échec ?

D’abord, il y a eu une mauvaise approche de l’exercice du pouvoir. La science a été reléguée au second plan pour faire place à l’improvisation et à la satisfaction de l’ego  surdimensionné du chef. L’apparence a primé l’essence. Des affiches géantes ont été érigées un peu partout. Les ministres devaient exhiber leurs bracelets roses, symbole d’allégeance servile au président. Ce n’était pas vraiment leur conviction profonde puisqu’ils s’en détachaient une fois démis de leurs fonctions.  Il faut chercher ardemment afin de trouver aujourd’hui des gens qui portent encore leurs fameux bracelets.

Le chef de l’État dictait quasiment tout. Même dans des secteurs très spécialisés comme l’éducation. Comme s’il suffisait de subventionner la scolarisation d’enfants défavorisés pour résoudre l’épineux problème d’accès à l’éducation de qualité. Comme s’il n‘existait pas de vrais experts locaux en la matière. Même si certains de ces derniers, pour défendre leurs intérêts particuliers, avaient préféré se taire pour laisser passer la vague Martelly. D’autres ont exécuté poliment les ordres du chef, sans oser dire le mot de leur science, et ce même s’ils ne croyaient pas aux politiques envisagées.

La majeure partie des autres secteurs vitaux a adopté la même posture de passivité. Le secteur privé des affaires ne s’est jamais prononcé ouvertement sur la dégradation de l’économie nationale sous l’ère Martelly. Les religions ont toujours essayé de sauver les meubles du régime sans aborder les vrais problèmes de gouvernance. Quant à la communauté internationale, elle supportait toutes les dérives du chanteur-président, y compris la non-réalisation des élections.

Le président Martelly, qui n’a jamais caché son penchant pour l’armée, n’a sélectionné que des soldats dociles pour l’accompagner au cours de son quinquennat. Il inventait ses propres statistiques que les ministres, conseillers et porte-paroles devaient s’atteler à justifier, au péril de leur réputation académique. Des professionnels compétents qui font preuve d’un minimum de caractère ont été relégués au second plan ou tout simplement écartés de la sphère décisionnelle. Pour la plupart, dès le début. 

On peut citer les cas de Me Gervais Charles que l’on voyait déjà à la tête du ministère de la Justice au sein du premier gouvernement de l’ère Martelly. Tout au moins, il serait l’un de ses plus proches conseillers juridiques. L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince défendait le candidat Martelly sur tous les fronts durant la période de campagne.  Étonnement, on l’a plutôt retrouvé, assez tôt, parmi les belles têtes de l’opposition hostile au président Martelly avant de devenir avocat du parti Fanmi Lavalas de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, farouche opposant idéologique au régime Martelly.

On voyait Daniel Supplice piloter le ministère des Affaires étrangères. On reconnaît en l’homme une certaine indépendance d’esprit, une compétence et une expérience éprouvée de l’exercice du pouvoir politique. Bien que son passage comme ambassadeur d’Haïti en République dominicaine n’ait pas convaincu grand monde, il est connu comme quelqu’un qui pouvait exprimer un argument ou un point de vue contraire au chef de l’État. Les yeux dans les yeux. 

Le jour de l’investiture du premier cabinet ministériel dont M. Supplice a été éjecté à la dernière seconde, nous raconte le Dr Rony Gilot (1), il aurait été dire les quatre vérités au président. C’est alors qu’il a été repêché au ministère des Haïtiens vivant à l’étranger, contrairement à Georges Mérisier que l’on présentait à la tête du ministère de l’Éducation nationale mais dont le nom a été rayé de l’arrêté présidentiel sans explication aucune. Il prenait déjà place dans l’autobus qui devait conduire les ministres au Parlement pour la séance de ratification.

M. Mérisier n’a pas la réputation d’un «béni oui oui », le genre de profil qui plait aux chefs traditionnels haïtiens. Il connaît assez bien le système éducatif haïtien et pourrait bien aider à le réformer et à bien orienter le Psugo dès le départ.

À la place de Daniel Supplice, le ministère des Affaires étrangères a été attribué à M. Laurent Lamothe, sans expérience politique aucune. Ce dernier n’avait pas non plus d’expérience de gestion de l’administration publique à son actif. Son meilleur atout était sa proximité avec le chef de l’État et le fait d’avoir financé sa campagne électorale.

On attendait le Dr Michelle Oriol à la tête du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales.  Pour avoir travaillé sur les collectivités territoriales, on aurait bien voulu avoir ses réactions sur l’augmentation injustifiée du nombre de communes durant le mandat du président Martelly. 

On ne peut pas faire une analyse contrefactuelle puisque personne ne peut déduire les résultats qu’auraient donnés ces personnalités. D’ailleurs, il existe plein de surprises et de mauvaises expériences dans l’histoire politique haïtienne où les gens réputés compétents et de bonne réputation ont piteusement déçu. Le régime Martelly regorge d’exemples.

Certains pensent que l’appui des personnalités ci-dessus mentionnées à un candidat comme Michel Martelly devrait plutôt être mis à leur passif. Ils considèrent qu’ils ont leur part de responsabilité dans l’échec collectif orchestré par le régime Martelly puisqu’ils accordaient une caution morale et intellectuelle au candidat, ce qui avait conforté la grande foule. Ils avaient donné une certaine crédibilité à la candidature de Martelly à la magistrature suprême de l’État.

 On peut quand même croire que le profil de ces gens qui ont été écartés pourrait permettre au régime Martelly de donner de meilleurs résultats. Il faudrait mieux comprendre pourquoi ces personnalités ont été mises à l’écart par le président Martelly dès le début. 

Un entourage trop soumis

Outre le mauvais choix ou le mauvais tri de ses conseillers, le président Martelly et son entourage ne semblaient pas supporter des gens indépendants (même autonomes) dotés de grande compétence. L’éviction du Premier ministre Garry Conille en est un exemple. On imagine le Dr Conille passer plus de deux ans à tête de la Primature en train de diriger un gouvernement formé de ministres compétents, dévoués et expérimentés. Les projets publics auraient probablement été moins démagogiques  et plus cohérents. 

Il a été brutalement lâché par le chef pour des motifs inavoués et inavouables. Les ministres qu’il était censé diriger ont fait allégeance  au président. Et au bout du compte, il ne pouvait rien gouverner, malgré ses compétences, ses expériences nationales et internationales.  

Ainsi le président Martelly s’est-il débarrassé de la méthode qui avait fait son succès musical : s’entourer de gens compétents et expérimentés. 

Qui pis est,  devenu président, il a amplifié ses défauts de la scène en déclenchant des polémiques stériles contre tous ceux qui osent témoigner des divergences de vue et d’idées avec lui. Il vantait à cor et à cri ses prouesses politiques qui lui permettaient d’accéder au sommet de l’État là où les plus grands intellectuels du pays ont échoué. Il a royalement ignoré le fait qu’il avait été imposé par les puissances étrangères. 

Le président Martelly a alors tiré une très mauvaise leçon de son succès à l' élection présidentielle de 2010. Il en conclut que les diplômes universitaires ne servent à rien. Il l’a fait savoir haut et fort. Avec une arrogance, doublée d’une ignorance, à couper le souple. Il a donc occulté un fait important: on peut devenir président de la République sans diplôme mais on ne peut pas donner des résultats concrets dans aucun domaine sans le concours de gens diplômés, forts de caractère, compétents, intègres, honnêtes et expérimentés.  

On prendra longtemps pour oublier les porte-paroles de la présidence qui proclamaient « Eleksyon tèt dwat » la veille de l’annulation du scrutin par le président du Conseil électoral provisoire. Ils ont eu l’audace de continuer à parler tout de suite après l’annulation du processus électoral.

Ces gens-là ont gardé leur poste durant tout le mandat du président Martelly, contrairement à ceux qui tentaient de ramener le président à la raison afin de gérer le pays en bon père de famille.  Le président a chassé des gens qui pouvaient l’aider à bien réussir son mandat. Il affrontait même les intellectuels neutres qui lui prodiguaient des critiques constructives et des conseils judicieux. Parallèlement, il se défendait bec et ongles et s’entourait jusqu’au bout d'amis très peu catholiques.

Un ancien haut dignitaire de l’administration Martelly/Lamothe m’avait confié que quiconque osait exprimer un point de vue discordant à ces chefs était traité de personne travaillant pour le compte de l’opposition. Des ministres et secrétaires d’État auraient même été révoqués rien que pour cela.

Un sénateur proche du président Martelly déclarait que la ministre de l’Économie et des Finances, Marie-Carmelle Jean-Marie, travaillait pour l’opposition parce qu’elle avait osé, écrivait-elle, « exiger de la rigueur et de l’abnégation dans la gestion des deniers publics ». Cet «honorable» sénateur affirmait ne pas comprendre la tolérance du président Martelly qui allait jusqu’à choisir un membre de l’opposition comme ministre des Finances. Voilà le genre de conseillers qui plaisent aux chefs en Haïti.

Les journalistes indépendants comme conseillers ?

Il n’y a pas que le président Martelly à épouser ce comportement hostile envers les intellectuels indépendants. Certains ministres influents de son régime n’embauchaient également que des lieutenants dociles et fidèles. Ils ne toléraient aucune voix discordante au sein de leur cabinet. 

La dictature des Duvalier avait rudement combattu tous les compatriotes qui avaient une vision politique différente. L’écrivain de renommée internationale Jacques Stephen Alexis qui a été englouti par le régime sanguinaire est un exemple éloquent.  Avec un minimum de dépassement de soi, avec la collaboration de tous, Haïti serait absolument plus développée aujourd’hui. Cette méthode de gouvernance a grandement facilité la descente aux enfers du pays.

Malheureusement, le président Martelly n’a pas su s’élever à la dimension d’un vrai chef d’État comme en témoigne son carnaval 2016 honteux, dénigrant les journalistes Jean-Monard Météllus et Liliane Pierre-Paul. Un président de la République d’un pays en profonde crise économique, sociale et politique, avec plus de 62.25 gourdes pour un dollar américain, qui passe son temps à dénigrer des citoyens qui ne font qu’exprimer leur opinion sur la gestion de la cité témoigne bien d’un malaise mental plus profond. 

D’autant plus que ces opinions pouvaient bien aider le président à rectifier le tir. Ces deux journalistes étaient contre l’arrestation d’un député en fonction, contre la gestion laxiste des deniers publics, contre la propagande mensongère sur le bilan du régime, particulièrement le programme Psugo, contre des voyages intempestifs du président, accompagné de délégations pléthoriques, contre les élections frauduleuses, etc. Ils jouaient tout simplement le rôle de conseillers indépendants en prenant soin d’argumenter leur point de vue. 

Par son attitude hautaine et méprisante, le président Martelly a lui même engendré ses opposants les plus farouches : Jean-Charles Moïse, Michel André, Newton Saint-Juste, Antonio Cheramy, pour ne citer que ces quatre. Et finalement, le pire ennemi du président Martelly c’était Martelly lui-même.

 

Georges Jean-Daniel de la radio Xplosion Gonaives Haiti

16 février 2016

Qui est Jocelerme Privert, nouveau président provisoire d’Haïti?

Né le 1er février 1954 à Petit-Trou de Nippes, Jocelerme Privert débute une carrière de fonctionnaire en 1979. Il est nommé directeur général de la Direction générale des Impôts en août 1995, puis secrétaire d’État aux Finances en mars 2001. En mars 2002, il est promu ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales. Après les évènements de 2004, Jocelerme Privert passe 26 mois en prison d’avril 2004 à juin 2006.

Après un échec en 2008, il est élu en 2010 sénateur pour six ans. En janvier 2016, il devient président du Sénat et un mois plus tard est élu président provisoire d’Haïti. Portrait et parcours du nouveau président provisoire d'Haïti.

Le sénateur Jocelerme Privert, 62 ans, élu au second degré président provisoire par le parlement réuni en Assemblée nationale tôt le dimanche 14 février, dirigera les destinées d’Haïti au moins jusqu’au 14 mai 2016, date prévue pour la prestation de serment du prochain président élu au suffrage universel.

Le président Privert dispose cependant de 120 jours pour conduire le processus électoral. Avant, il lui faudra nommer un premier ministre, monter un gouvernement et s’entendre avec les secteurs de la vie nationale sur les membres du Conseil électoral qui aura la haute main sur la conclusion des élections de 2015.

Le parcours de Privert

Ancien directeur général de la Direction générale des impôts (DGI), ancien secrétaire d’État aux Finances, ancien ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, sénateur de la République, président du Senat et de l’Assemblée nationale, Jocelerme Privert est sans conteste un vieux routier dans le paysage politique haïtien. Son intégration dans l’administration publique remonte à 1979, l’année où il est entré à la Direction Générale des Impôts à titre d’inspecteur comptable affecté au service de la vérification des états financiers, il a alors 23 ans. « Ma carrière a débuté le 1er octobre 1979, soit la dixième année de mon arrivée à Port-au-Prince, se souvient Jocelerme Privert comme pour vanter ses multiples efforts pour intégrer la cour des grands. Avant d’être promu directeur de la DGI, j’ai gravi tous les échelons dans l’institution. J’y ai complété 23 ans de services. »

Né à Petit-Trou de Nippes le 1er février 1954, Jocelerme Privert ne cache pas sa fierté d’avoir apporté sa touche à la réforme de la Direction générale des impôts. Durant son passage à la DGI, sa présence était remarquable dans des grands forums visant la performance de l’administration fiscale. Sa connaissance du système fiscal haïtien et des dossiers fiscaux a même attiré l’attention d’une mission du Fonds monétaire international. Jocelerme Privert a donc alors été invité à participer au programme de formation en finances publiques organisé par le département des finances publiques et l’institut du FMI à Washington en 1992.

Jocelerme Privert n’a néanmoins pas connu que de bons moments à la DGI. Il a eu aussi des déboires. Sa nomination comme directeur général le 21 août 1995 a été accueilli par un mouvement de protestation enclenché par des employés et des cadres de l’institution. Son départ a aussi été précipité par un autre mouvement de protestation. « Il y avait des mains invisibles derrière ces mouvements de protestation contre moi, accuse-t-il aujourd’hui encore. Après plusieurs semaines de tension, d’actes de violence, de dénonciations calomnieuses, d’interférences injustifiées, voire maladroites des plus hautes autorités du ministère de l'Economie et des Finances (MEF), j’ai été démis de mes fonctions après 3 ans et 10 mois comme directeur général», rappelait-il dans un portrait d’Yvince Hilaire publié dans Le Nouvelliste en juin 2015.

 

Des impôts au ministère de l’Intérieur

Mais tout n’est pas resté là pour cet enfant monoparental, élevé en grande partie par sa grand-mère maternelle et par sa mère Any Privert dont il porte le nom. Après environ une année sabbatique, Jocelerme Privert a été nommé secrétaire d’État aux Finances en mars 2001 sous l'administration Aristide/Chérestal.

L’ancien patron de la DGI dit avoir fait sienne la lutte pour la décentralisation territoriale. Sa connaissance du domaine a interpellé le président Jean-Bertrand Aristide. Ce dernier avait fait appel à Jocelerme Privert pour animer un programme permanent de formation à l’intention des élus issus des élections de mai 2000. Passionné de musique, de football et de lecture, Jocelerme Privert a été promu ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales en mars 2002, en pleine période de crise politique. « Le contexte politique de l’époque n’était pas incitatif pour une parfaite exploitation de mes capacités et mes compétences, regrette ce fin connaisseur du système fiscal haïtien. Je me suis retrouvé plutôt à éteindre des foyers de feu que de poser les vraies bases pour rendre effective la décentralisation, tâche que le gouvernement m’avait confiée. À longueur de journée, ce sont des cartels de maires qui implosent, des mairies incendiées, des affrontements entre délégués départementaux et parlementaires pour le contrôle politique du territoire, des manifestations de rue d’employés municipaux réclamant des mois d’arriérés de salaires, des fonctionnaires publics assassinés par des assaillants, des juges qui désertent et dénoncent. Bref, la crise s’envenime.»

 

De son bureau de ministre au pénitencier national

Après les évènements du 29 février 2004 qui ont vu partir en exil l’ex-président Aristide, Jocelerme Privert, marié et père de trois filles, est rentré chez lui pour s’occuper de ses activités professionnelles. Membre fondateur de l’Ordre des comptables professionnels agréés d’Haïti (OCPAH), de l’Association interaméricaine de comptabilité (AIC), et de l’Association haïtienne des économistes (AHE), Privert ne sera pas pourtant de tout repos. Tandis que des proches du pouvoir déchu sont dans le maquis ou ont choisi le chemin de l’exil, Privert a été arrêté chez lui le 4 avril 2004 vers deux heures du matin. Motif de l’arrestation: participation présumée au massacre de La Scierie à Saint-Marc. « Se faisant accompagner du directeur général de la police nationale, le ministre de la Justice d’alors a en personne procédé à mon arrestation avec la complicité de deux diplomates étrangers », explique-t-il avec hargne et avec un luxe de détails. « C’étaient purement et simplement des persécutions politiques. Une sorte de chasse à l’homme. Car aucun lien n’a été établi entre moi et un événement quelconque à Saint-Marc, si ce n’est mon appartenance au gouvernement Neptune », affirme-t-il, soulignant qu’il a passé treize mois au pénitencier national sans avoir reçu copie du mandat, voire être auditionné par un juge.

“J’ai faille y laisser ma peau”

Au pénitencier national, Jocelerme Privert et l’ancien Premier ministre Yvon Neptune sont voisins. Les deux hommes pouvaient communiquer entre eux. Le 12 avril 2005, en fin d’après-midi, une mutinerie, savamment préparée et probablement dirigée de l’extérieur, a éclaté au sein du principal centre carcéral du pays. Une évasion massive s’en est suivie. Privert révèle avoir été contraints de prendre la fuite (lui et Neptune) par un prisonnier notoire. « Avec tous les risques que cela comporte pour notre sécurité, le Premier ministre Neptune et moi nous nous trouvions en pleine rue, raconte Privert. Nous avons arpenté les principales artères de la capitale avant de prendre refuge chez un autre détenu dont le domicile offrait une certaine garantie de sécurité. C’est à ce moment que le Premier ministre déclare à son protecteur improvisé que nous ne pouvons pas nous payer le luxe de nous évader. Et en conséquence, il nous faut retourner d’urgence à la prison. »

«Après avoir alerté par téléphone des têtes de pont de la communauté internationale de notre situation, poursuit Privert, un contingent de l’armée brésilienne a pris le contrôle du lieu où nous nous sommes réfugiés peu de temps après. Sur demande de Hérard Abraham, alors Premier ministre a.i., une délégation de la communauté internationale nous propose de ne pas retourner au pénitencier, mais de préférence à la prison de Pétion-Ville ou au siège de la UNPOL. « Propositions que nous avons systématiquement rejetées. Car il s’agissait de toute évidence d’une machination de nature à accréditer la thèse des autorités haïtiennes d’évasion planifiée par les « chimères lavalas » pour libérer Neptune et Privert. Après plusieurs heures de négociations, nous avons été reconduits très tard dans la soirée au pénitencier national.

Entre-temps, la condition de détention des deux compères devient catastrophique. Pour contourner cette nouvelle réalité, une grève de la faim a été entamée par ces messieurs. Après plusieurs jours de grève, ils ont été transportés d’urgence à l’hôpital étant donné la dégradation de leur état de santé. Il a fallu attendre le 16 juin 2006 pour voir sa libération après 26 mois au pénitencier. Selon Privert, l’ordonnance des juges Hugues St-Pierre, Mécène Jean-Louis et Grégoire Jean-Baptiste confirme bien qu’il n’a été ni plus ni moins qu’un prisonnier politique.

Son incarcération au pénitencier national lui a cependant permis de développer son talent d’écrivain. Auteur de Décentralisation et collectivités territoriales, ouvrage qu’il a conçu à l’intérieur de la prison, Jocelerme Privert peut s’enorgueillir d’un tel exploit comme feu Claude Rozier avec son livre « Le triangle de la mort ». Il est également l’auteur de l’ouvrage intitulé Guide du contribuable haïtien.

Sénateur de son départment

Après avoir recouvré sa liberté, Jocelerme Privert rejoint en septembre 2006 le cabinet particulier du président René Préval à titre de consultant. Ensuite, il devient conseiller du président de 2008 à 2010. Véritable instigateur du projet d’élever les Nippes au rang de département alors qu’il était ministre, Jocelerme Privert s’est présenté candidat au poste de sénateur lors des sénatoriales partielles de 2008. Sa candidature a été rejetée par le Conseil électoral pour faute de décharge. Il revient à la charge deux ans plus tard et a enfin été élu aux élections législatives de 2010.

«Au Sénat, j’ai toujours été guidé par l’obligation de résultat, affirme le président de la commission Économie et Finances, de la commission bicamérale de décharge et de plusieurs commissions bicamérales d’analyse des accords, traités et conventions internationaux, je réponds présent à toutes les séances statutaires, présent aux événements internationaux comme membre de plusieurs associations de parlementaires». Avant le dysfonctionnement du Sénat en janvier 2015, Privert souligne avoir déposé au bureau du grand Corps une dizaine de propositions de loi. Plusieurs d’entre elles, explique-t-il, ont été votées par l’assemblée des sénateurs. Parmi elles se trouvent la loi sur la liquidation des affaires courantes par un gouvernement démissionnaire, celle sur la résidence et le domicile, celles établissant le cadre général de la décentralisation et l’autonomie des collectivités territoriales, créant le service public de base dans les sections communales, sur le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme, la modification du décret du 16 février 2005 portant sur la procédure d’élaboration et le contrôle de l’exécution du budget, la modification du décret du 16 janvier 1964 portant sur les procédures d’aliénation des biens du domaine privé de l’État. Il a en outre écrit plusieurs articles de réflexion, touchant les activités parlementaires tant dans les journaux haïtiens que dans les revues des réseaux parlementaires dont il est membre.

Une enfance modeste…

Même s’il a pu aujourd’hui se tailler une place dans la société, Jocelerme Privert n’oublie pas les moments difficiles auxquels il a été confronté dans son existence. Il n’est pas gêné de répéter à gorge déployée qu’il a grandi dans une famille où les conditions de vie étaient très précaires. Il affirme avoir pu survivre grâce à la culture des champs que pratiquait sa grand-mère et du petit commerce de sa maman.

Le jeune Jocelerme a passé le plus clair de son enfance à Petit-Trou de Nippes jusqu’à la fin de ses études primaires en 1969. Après son certificat d’études primaires, ses parents n’avaient pas les moyens pour lui permettre de poursuivre ses études classiques. « À cette époque, il n’y avait pas encore d’écoles secondaires à Petit-Trou de Nippes, se souvient Jocelerme Privert 46 ans plus tard. Ceux qui avaient les moyens financiers pouvaient se rendre dans des villes comme Anse-à-Veau, Miragoâne, les Cayes pour entamer leurs études secondaires. Moi, ce n’est que miraculeusement que j’ai été accueilli à Port-au-Prince par un bon samaritain. »

Arrivé à la capitale, l’enfant martyr de Any a intégré le collège Moderne avant d’entrer au lycée Alexandre Pétion jusqu’en philo. Jocelerme Privert se vante d’avoir fait partie de cette belle et dernière promotion de la section A où le latin et le grec étaient des matières obligatoires au baccalauréat. Vivre à Port-au-Prince n’était pas une partie de plaisir pour le Trounippois, il avait l’habitude de se nourrir uniquement de sa salive pour obtenir le pain de l’éducation, se rappelle-t-il.

Après son baccalauréat en 1976, il a fait une tentative infructueuse d’entrer à la faculté d’Agronomie et de médecine vétérinaire de l’Université d’État d'Haïti. À défaut de cela, le jeune homme est entré au département des sciences sociales de l’École normale supérieure, puis à l’INAGHEI pour des études en administration publique.

 

Entre-temps, il a décroché un diplôme en comptabilité chez Maurice Laroche. Ce qui lui a permis de participer avec succès au concours de recrutement organisé par le ministère de l’Économie et des Finances en 1978 à travers l’École nationale d’administration financière (ENAF).

Mettre Martelly K.O et prendre la présidence

En janvier 2016, quand le sénateur Privert devient président su Senat, les observateurs de la classe politique haïtienne savent déjà que les choses ne seront pas faciles pour le régime de Michel Martelly. Sous ses airs de modéré, Privert n’est pas moins critique de la gouvernance Tet Kale. Son élection est d’ailleurs un camouflet pour Martelly et ses alliés.

C’est ce président Privert, l’un des sénateurs au carnet d’adresses le plus fourni du parlement, homme d’expérience et de réseaux qui débute les négociations avec Michel Martelly et la communauté internationale après le renvois des élections du 24 janvier, quand il est devenu évident qu’il faut sortir de Martelly pour qu’un jour des élections se tiennent dans le pays.

Fort de son mandat tout neuf et en connaissance des forces en présence sur le terrain et au parlement, Jocelerme Privert mène des négociations courtoises mais fermes avec Michel Martelly jusqu’au vendredi 5 février quand coincé de toutes parts le président sortant doit signer un accord qui ne lui accorde d’un discours de sortie devant l’Assemblée nationale. C’est Privert qui recueille l’écharpe présidentielle des mains de Michel Martelly qui n’a pas le dimanche 7 février de successeur élu.

Une semaine plus tard, après une séance marathon de plus de dix heures, au deuxième tour de scrutin Jocelerme Privert est élu président provisoire d’Haïti par le parlement haïtien réuni en Assemblée nationale au petites heures du matin, ce dimanche 14 février 2016.

C’est Cholser Chancy, vice-président de l’Assemblée nationale qui a proclamé les résultats du vote : 13 sénateurs et 64 députés ont voté pour Jocelerme Privert, Edgar Leblanc Fils a obtenu 9 voix des sénateurs et 33 voix des députés, Déjean Bélizaire le troisième candidat en course pour devenir président provisoire a lui obtenu 2 voix chez les députés et aucun des sénateurs.

La séance en Assemblée nationale a été très animée, emmaillée de motions et de suspensions en huis clos, même si depuis plusieurs semaines la capitale haïtienne bruissait de rumeurs sur les fortes chances de Jocelerme Privert d’être élu président en cas de vote au Parlement.

Pendant une trentaine de minute, fort de l’appui des alliés du PHTK, le parti de Michel Martelly, le candidat Edgard Leblanc Fils, lui aussi ancien président du Sénat et de l’Assemblée nationale, a fait illusion. Au premier tour du scrutin il a recueilli 46 voix des députés contre 45 pour Jocelerme Privert, mais 9 chez les sénateurs contre 13 pour Privert.

 

A 3h 33 du matin ce dimanche 14 février, les choses étaient pliées et le résultat définitif de la première élection au second degré du 21e siècle haïtien complétée. Jocelerme Privert a été élu président provisoire avec un mandat court, mais déterminant pour l’avenir de la démocratie en Haïti.

 

Jocelerme Privert, le président de la St Valentin, n’a pas une minute à perdre s’il veut marquer son passage et relever l’immense défi qui l’attend. Martelly avait eu cinq ans et n’a pas pu compléter un seul processus électoral. Privert, lui, dispose de 120 jours pour accomplir un miracle.

Georges Jean-Daniel

3 février 2016

Gonaives Mécontentement autour des travaux de rénovation de la Place d'Armes

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Alors qu’ils s’attendaient à une place d’armes rénovée - qui pourrait représenter le fleuron du centre-ville des Gonaïves, beaucoup de citoyennes et citoyens de cette ville affirment leur insatisfaction quant à la qualité et à l’insuffisance des travaux entrepris sur cette place publique et historique, qui ne présenterait pas l’image d’un vrai espace d’attraction, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

Deux fois rénovée, la principale place publique des Gonaïves est loin d’être une fierté pour les habitantes et habitants de la cité de l’indépendance.

Des travaux, non achevés à cause des turbulences politiques, en 2003, ont été effectués sur cette place publique sous l’ancienne administration (Jean-Bertrand) Aristide/ (Yvon) Neptune.

La nouvelle configuration de la place d’armes des Gonaïves

Dans le cadre des nouveaux travaux de rénovation, la firme exécutante dénommée Société haïtienne de construction (Sohaco) a clôturé la place d’armes en fer forgé, avec 4 entrées principales.

Deux jets d’eau, dont l’un à l’est et l’autre à l’ouest, y ont été placés.

L’obélisque et la statue de l’empereur Jean-Jacques Dessalines, formant le monument de la guerre de l’indépendance haïtienne, ont été retouchées et décorées, avec des céramiques à sa base.

Un mini-système d’éclairage, avec au moins 4 petits projecteurs, a été aussi installé.

Environ une vingtaine de bancs en béton y ont été aménagés, en remplacement de certaines des anciennes structures en fer.

En vue de doter la place d’armes des Gonaïves de plus d’espace vert, de nombreux parterres, dont certains garnis de gazons, de fleurs et des arbustes ornementaux, comme des palmiers dattiers, y ont été créés.

Les tuyaux, qui serviront pour l’arrosage des plantes sur la principale place publique des Gonaïves, ont été refaits.

« Vingt sept (27) millions de gourdes (US $ 1.00 = 48.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) : tel est le montant qui a été décaissé pour la réalisation de ces petits travaux de réaménagement, financés par le peuple haïtien à travers le trésor public », confie à AlterPresse l’un des agents exécutifs intérimaires des Gonaïves.

Il n’empêche que des citoyens de la ville s’interrogent, voire émettent des doutes quant à une utilisation pertinente du montant décaissé.

Toute une ville choquée

Le montant d’argent, alloué au réaménagement de la place d’armes des Gonaïves, ne justifierait pas la qualité et la quantité des travaux constatés, observent-ils.

« D’abord, le gazon, utilisé pour embellir les parterres de cette place, ressemble à des zèb Ginen ou herbes de savanes (herbes sauvages) », relève un habitant des Gonaïves, interrogé par AlterPresse.

« Les parties en béton, qui sont à peine construites, commencent déjà à se fissurer », dénonce Jonas Félix, délégué de ville de la zone « Avenue des dattes » aux Gonaïves.

« La nouvelle clôture en fer forgé de la place publique n’est pas solide, elle commence à se détacher des bétons de support », critique un autre citoyen.

« Avant les travaux de rénovation, il y avait des arbustes sur la place d’armes. Les responsables de la firme les ont abattus, sans les avoir remplacés », signale une citoyenne qui se demande « comment peut-on rénover une place publique, sans y planter des arbres » ?

Reconnaissant les anomalies soulignées, l’un des agents exécutifs intérimaires des Gonaïves, Erick André, affirme avoir demandé aux responsables de la firme de corriger cette situation.

Les agents intérimaires mis en cause

« Au lieu d’avoir utilisé à bon escient l’argent alloué, les responsables de la Société haïtienne de construction (Sohaco) ont fourni un travail bâclé… », fustige le coordonnateur du Mouvement démocratique pour une opposition durable (Modod), Jécosias Pierre, stigmatisant de l’insouciance chez les agents exécutifs intérimaires des Gonaïves.

Le jeudi 1er janvier 2015, l’agent exécutif intérimaire principal des Gonaïves, Stevens Saint-Fleur, alias anpil luil, a été chahuté - lorsqu’il prononçait son discours sur la place d’armes des Gonaïves - par des centaines de personnes, insatisfaites de sa gestion, qui exigeaient son départ.

Tout cela s’est passé en présence du président, Joseph Michel Martelly, du premier ministre alors désigné, Evans Paul, et de beaucoup d’autres officiels, qui participaient aux activités commémoratives du 211e anniversaire de l’indépendance d’Ayiti.

« Si la communauté des Gonaïves n’est pas satisfaite, moi, en tant que maire, je ne peux pas être, non plus, satisfait. La place d’Armes des Gonaïves est le patrimoine du pays. C’est là que l’acte de l’indépendance a été rédigé. Je m’attendais à une rénovation en bonne et due forme de ce monument », déclare à AlterPresse Stevens Saint-Fleur.

Il annonce, pour bientôt, une rencontre avec des responsables de la Sohaco pour faire le tour de la question.

« Étant donné que la firme ne m’a pas encore remis pas l’ouvrage qui devra être inauguré, je pense que l’ingénieur responsable est conscient de la qualité des travaux. Il pourra remédier à la situation », espère Saint-Fleur.

Stevens Saint-Fleur dément avoir reçu des pots-de-vin du montant d’argent, qui a été décaissé pour les travaux de rénovation de la place d’Armes.

La position de la Sohaco

« Ce qui compte pour moi, c’est la réputation de ma firme. Venir travailler aux Gonaïves n’est pas un cadeau : c’est le résultat satisfaisant de nombreux travaux réalisés pour l’Etat haïtien. L’Unité de construction des logements et des bâtiments publics (Uclbp), qui est responsable des travaux, est toujours satisfaite de mes réalisations. Elle n’accepte jamais des travaux hors normes », se défend le directeur exécutif de Sohaco, Thierry Serres, questionné par AlterPresse sur les critiques de la population.

Pour Serres, l’agent exécutif intérimaire principal des Gonaïves devrait seulement « exprimer son insatisfaction pas rapport au travail de gazonnage de la place, qui n’est pas parfait, mais dont le plan a été préalablement soumis au responsable environnemental de la mairie des Gonaïves ».

A quand la réouverture officielle de la place d’armes des Gonaïves ?

Rien n’est clair pour le moment.

Libérée de sa clôture en tôles, limitant le chantier pendant environ 3 mois (début d’octobre à fin décembre 2014), la place d’armes des Gonaïves a été provisoirement rouverte, le 31 décembre 2014, pour recevoir la traditionnelle cérémonie officielle du 1er janvier (2015).

Depuis environ une semaine, aucun ouvrier n’est remarqué sur la place d’armes des Gonaïves, qui reste, pour l’instant, fermée au public.

Initialement, les travaux de rénovation de la place d’Armes des Gonaïves devaient prendre fin avant le 1er janvier 2015.

Radio Xplosion 96.5 FM Georges Jean-Daniel

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28 janvier 2016

Pierre Louis Opont appelé à démissionner

La nouvelle est confirmée. Le forum économique du secteur privé a formellement demandé à son représentant au CEP, Pierre Louis Opont de démissionner de son poste, alors que le président Michel Martelly tente désespérément de replâtrer l’organe électoral décrédibilisé et dysfonctionnel.

 

Graduellement l’organe électoral composé de cinq conseillers se désintègre. Tour à tour, différents secteurs se sont désolidarisés de leurs représentants jusqu’à la démission de ceux-ci au sein du CEP. Des démissions en cascade qui ont rendu inopérante l’institution électorale et marqué l’impossibilité qu’un président  élu prête serment le 7 février 2016.  Et pour comble, c’est le capitaine du navire qui est sévèrement mis en déroute. La tête du président Pierre Louis Opont est réclamée du secteur qui l’a désigné et soutenu jusqu’à ce que les eaux tumultueuses de cette conjoncture de crise semblent tout balayer.

 

Contacté par le Journal, le coordonnateur du forum économique du secteur privé, M. Gregory Brandt, a confirmé l’information selon laquelle, l’entité économique qu’il préside a, via une correspondance en date du 27 janvier et dont le CEP a accusé réception,  demandé à Pierre Louis Opont de jeter l’éponge.  Cette position du forum est fondée, selon la correspondance, sur le fait qu’il devient impossible au CEP de poursuivre le processus électoral devant aboutir à l’élection d’un nouveau président de la République le 7 février prochain. En conséquence, le forum estime que la démission de son représentant permettra à la nation de trouver une issue à la crise.

 

Le président Michel Martelly semble, pourtant, vouloir sauver le navire en plein naufrage. Jouant ses dernières cartes à quelques jours de la fin de son mandat, le chef de l’État souhaite replâtrer le CEP. Pour ce faire, il a  demandé urgemment aux secteurs dont leurs représentants ont démissionné du CEP d’en désigner d’autres. Ce, en conformité aux recommandations de la commission d’évaluation électorale indépendante (CEEI).

 

Cependant, se souvient-on, le document de cette commission a explicitement fait savoir que l’institution électorale présidée par M. Opont n’est plus crédible et ne saurait, par conséquent, mener le processus à terme sans plonger le pays dans une crise profonde.

 

Mais les secteurs concernés semblent n’être pas favorables à donner suite utile à cette demande. Joint au téléphone, le secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations de défense de droits humains (POHDH), Maxime Rony, estime qu’il faudrait un nettoyage en profondeur au sein de l’organe électoral avant que la Plateforme envisage de désigner un nouveau membre.

 

S’il est  vrai que le chef de l’État s’empresse dans cette tentative de replâtrage, le militant des droits humains pense que le pouvoir doit assumer l’entière responsabilité de cette crise pour n’avoir pas pris les dispositions nécessaires pour la tenue des élections suivant les échéances constitutionnelles.

 

Pour sa part, la conférence épiscopale d’Haïti (CEH) via son porte-parole, Mgr  Patrick Aris, confirme avoir reçu la correspondance du Palais national relative au remplacement de son représentant. Interrogé sur la position de l’Église catholique face à cette demande, Mgr Aris  s’est référé à une note de l’institution religieuse dans laquelle celle-ci conditionne la délégation d’un nouveau représentant au sein du CEP  au fait que les conditions nécessaires soient  réunies. Or, au nombre de ces conditions figurent la recherche d’un compromis que peinent à trouver les protagonistes.

 

Dans le secteur presse, l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH) dit engager les discussions sur la question. Toutefois, certaines entités comme l’Association des journalistes haïtiens (AJH), qui a poussé le délégué du secteur, Pierre Manigat Junior, vers la sortie, n’est pas formellement touchée par la question alors que l’ANMH s’apprête à soumettre son courrier au président de la République.

 

Hormis, le forum du secteur économique, l’organisation de femme baptisée «  Fanm yo la » demande à la représentante du secteur Mme Yolette Mengual de tirer sa révérence. Elle en profite pour condamner son retour au Conseil après s’être mise en retrait pour répondre des accusations de corruptions qui lui ont été reprochées. Cette organisation de femme estime que l’attitude de la conseillère est en rupture historique aux valeurs incarnées par les pionnières et d’autres militantes contemporaines du mouvement des femmes en Haïti.

 

Le CEP qui ne compte que cinq membres actuellement est quasi dysfonctionnel. La démission éventuelle de son président Pierre Louis Opont pourrait entraîner celle des quatre autres membres restants, toutes des femmes.

 

Jean Michel Cadet>>>>Jean-Daniel Georges @RadioXplosion Gonaives 96.5 FM stereo

Opont

 

19 janvier 2016

La vie et l’héritage de Martin Luther King

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Martin Luther King a consacré sa vie à la lutte non violente pour l’égalité raciale aux États-Unis. La Journée Martin Luther King est observée le troisième lundi de janvier, un jour férié fédéral aux États-Unis en hommage au pasteur noir. C’est aussi l’occasion d’inviter les Américains à faire un effort de solidarité.

Le début du parcours

Né le 15 janvier 1929 dans une famille avec une longue lignée de pasteurs baptistes, Martin Luther King grandit à Atlanta à une époque où les lois Jim Crow font de la ségrégation et de la discrimination une réalité quotidienne pour les Afro-américains dans le Sud. Inscrit à l’université Morehouse à Atlanta, le jeune homme est amené à considérer la religion comme un puissant catalyseur pour le changement social. Il obtient son doctorat de la Faculté de théologie de l’Université de Boston avant de retourner dans le Sud, où il est pasteur de l’Église baptiste de l’avenue Dexter à Montgomery, en Alabama. Aujourd’hui, le lieu de naissance de King à Atlanta figure sur la liste des Sites historiques nationaux* sous la gestion du Service national des parcs.

La lutte des droits civiques dans les années 1950

Martin Luther King participe à l’organisation du boycott des bus de Montgomery, une campagne d’un an déclenchée par l’arrestation d’une couturière nommée Rosa Parks. Son crime : avoir refusé de céder sa place dans un bus à un passager blanc. Après l’annulation par la Cour suprême des lois de l’Alabama sur la ségrégation dans les bus en 1956, King est le cofondateur de la Southern Christian Leadership Conference et applique le principe de l’action non violente à la lutte en faveur des droits civiques dans le Sud. Influencé par les enseignements du Mahatma Gandhi, il se rend en Inde en 1959.

Une figure emblématique des années 1960

MLK assis dans une cellule, les coudes sur les genoux, regarde à travers les barreaux de prison devant lui. (National Archives)Rejoignant son père en tant que co-pasteur de l’Église baptiste Ebenezer à Atlanta, King continue à utiliser ses dons oratoires pour appeler à la fin de la ségrégation et de l’inégalité juridique. Tout au long des années 1960, il est arrêté lors de manifestations non violentes en Alabama, en Floride et en Géorgie. Pendant son incarcération en 1963, il rédige la Lettre de la geôle de Birmingham, décrivant le fondement moral pour le mouvement des droits civiques. Cette même année, au mois d’août, il prononce son fameux discours « I Have a Dream » (« Je fais un rêve ») devant plus de 200 000 personnes rassemblées sur le National Mall à Washington.

« Dimanche sanglant » : c’est ainsi qu’on appelle le 7 mars 1965, le jour où des manifestants qui revendiquent le droit de vote se font tabasser par des policiers et des civils après avoir traversé le pont Edmund Pettus à Selma, dans l’Alabama. Ils sont contraints de faire demi-tour. Martin Luther King appelle alors à la tenue d’une autre marche plus longue (en photo) – un trajet de 87 kilomètres, la distance de Selma à Montgomery — pour exiger le droit de vote.

Victoires des droits civiques

En 1964, en présence de Martin Luther King, le président Lyndon Johnson signe l’historique Loi sur les droits civiques, qui interdit la discrimination au niveau de l’emploi, du logement public et d’autres aspects de la vie. Le pasteur continue à faire pression pour l’adoption d’une loi garantissant le droit de vote aux Afro-américains et l’élimination des pratiques discriminatoires comme les tests d’alphabétisation. Ce sera chose faite en 1965, quand Lyndon Johnson signera la Loi sur les droits de vote. King a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1964.

Dans le sillage de l’assassinat

Le 4 avril 1968, King est assassiné sur le balcon de sa chambre d’hôtel à Memphis, Tennessee. Lors de ses funérailles, des milliers de personnes défilent dans Atlanta derrière un chariot avec un attelage de mules portant son cercueil. Dans un essai publié à titre posthume intitulé « Un Testament d’espoir », King exhorte les Afro-américains à poursuivre leur engagement envers la non-violence, mais il lance aussi un avertissement : « La justice pour les Afro-américains ne peut pas être atteinte sans des changements radicaux dans la structure de notre société. »

L’héritage de King : la protestation non violente

Lors d’un discours à la radio en 1959 au cours de sa visite en Inde, King déclare : « Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix entre la violence et la non-violence, c’est soit la non-violence, soit la non-existence ». Sa philosophie s’inspire de l’action non violente de Gandhi pour mettre fin à la domination britannique en Inde. À son tour, King sera une source d’inspiration pour d’innombrables personnes : elles changeront leur société par des moyens pacifiques, depuis le mouvement Solidarité qui met fin à l’occupation soviétique en Pologne, à la lutte de Nelson Mandela pour en finir avec l’apartheid en Afrique du Sud.

L’héritage de King : la lutte contre les préjugés

Lors de la marche de 1963 sur Washington, King déclare que tous les gens devraient être jugés non « par la couleur de leur peau, mais le contenu de leur caractère ». Le King Center* à Atlanta est un mémorial vivant de la vision de King d’un monde libre et égal, dont la mission est d’étendre les possibilités, de lutter contre le racisme et de mettre fin à toutes formes de discrimination.

L’héritage de King : poursuivre la justice sociale

L’Institut Martin Luther King Jr. de recherche et d’éducation* de l’Université de Stanford abrite le Projet des documents de King, une collection complète de l’ensemble des discours, de la correspondance et des autres écrits de King. L’Institut participe également à l’Initiative Curriculum de Libération et à la Communauté Gandhi-King, qui utilisent toutes deux la vie et les idées de King pour mettre en relation des activistes sociaux dans le monde entier œuvrant en faveur des droits de l’homme et de la justice par des moyens non violents.

L’héritage de King : au service d’autrui

Aux États-Unis, la Journée Martin Luther King a été désignée comme une journée nationale consacrée au service*. Les Américains sont invités à célébrer « un jour de travail, pas un jour de congé » en l’honneur de l’engagement de King envers l’amélioration de la vie d’autrui. Le président Obama encourage le bénévolat pour aider à répondre aux défis de notre monde.

Maintenir le rêve en vie

Un monument national commémoratif a été construit près du Lincoln Memorial, où la figure de proue du mouvement des droits civiques a prononcé son célèbre discours « Je fais un rêve ». Le monument à la mémoire de Martin Luther King invite les visiteurs à réfléchir à la vie et et à l’œuvre de King.

 

Georges Jean-Daniel

Radio Xplosion 96.5 FM Stereo

 

16 janvier 2016

Haïti - Actualité Zapping électoral

Jude Célestin prêt à rencontrer Martelly mais...
Vendredi, Gérald Germain, le Conseiller politique du candidat à la présidence de LAPEH, a confirmé que Jude Célestin serait prêt à rencontrer le Président Michel Martelly mais sans la présence de Jovenel Moïse. Précisant que Jude Célestin avait été informé de l’invitation du Chef de l’État sur les réseaux sociaux...

«Le pays est victime du CEP» dixit L. Lamothe,:
Vendredi, l'ex Premier Ministre Laurent Lamothe s’exprimant sur le CEP a déclaré « Lorsque j'étais PM, j'étais parmi ceux qui encourageait les élections. Mais, le CEP travaille sur télécommande, les failles que le CEP a, les candidats ne peuvent pas en être tenu responsable. Le pays est victime de ce Conseil Électoral, depuis le premier jour j'ai dénoncé les actions arbitraires de ce Conseil [...] ».

75 millions de Gourdes pour les partis politiques :
Un fonds de 75 millions de Gourdes est disponible pour les partis politiques « 37.5 millions pour les présidentielles, 15 millions pour les sénatoriales et 22.5 millions de gourdes pour les élections des députés » a fait savoir Roody Stanley Penn, le Porte-parole du Conseil Électoral Provisoire (CEP).

La tenue de l’Assemblée Nationale n’est pas une priorité :
Selon le Sénateur Westner Polycarpe, après avoir constitué son bureau, la préoccupation du Sénat n’est pas la tenue de l'Assemblée Nationale « Ce qui nous préoccupe, en ce moment, c’est le 24 janvier, date fixée pour la tenue du second tour de l’élections présidentielle et des législatives partielles et le 7 février 2016 » indiquant que l'Assemblée Nationale sera programmée en fonction de l’agenda populaire et de la rue...

Liste des 10 organisations nationales d'observation agréées :
Le Conseil électoral provisoire, conformément aux dispositions du Décret électoral du 2 mars 2015, publie la liste des organisations nationales d'observation électorale, habilitées à suivre le déroulement du scrutin du 24 janvier 2016. Les critères retenus pour la publication de celte nouvelle liste ont été les suivants : Être reconnu légalement ; Avoir de l'expérience dans le domaine de l'observation électorale ; Avoir produit un rapport sur le déroulement du dernier scrutin observé.

Liste des organisations agréés :
1. Conseil National d'Observation Électorale (CNO)
2. Centre bservation et de Formation Électorale (COFE)
3. Coalition de la Heunesse Haïtienne pour l’Intégration (COJHIT)
4. Collectif 4 décembre
5. Conseil Haïtien des Acteurs Non Étatiques (CONHANE)
6. Institut Mobile d'Éducation Démocratique (IMED)
7. Justice et Paix
8. Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHOH)
9. Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID)
10. Réseau National de Défense des Droits Humains (RNODH)

Jean Daniel Georges

16 janvier 2016

Finalement, à qui appartient La République d’Haïti ?

Le vieux monde se meurt; le nouveau monde tarde à apparaître. Pendant cet interrègne, on observe les phénomènes morbides les plus variés. »

(Antonio Gramsci)

Par Robert Lodimus ----  Les « élections ratées » de Pierre-Louis Opont semblent dissimuler des enjeux diplomatiques de taille pour l’administration Obama. Quand un État super puissant comme celui des États-Unis choisit honteusement de se vautrer dans la boue de l’indécence, il faut se dire que l’affaire porte des « strings » de surprise ! Vers quel scénario « typhonique » les Haïtiens s’acheminent-ils après le 7 février 2016 ? Lorsque le gouvernement Obama, occupé à combattre le « terrorisme » sur son territoire, au Moyen-Orient et ailleurs, trouve encore le temps d’aller soutenir ouvertement en Haïti l’ « insoutenable », les groupements politiques, les organisateurs de la société civile, hormis l’ « à-plat-ventriste » Rosny Desroches, auraient dû avoir l’intelligence de questionner en profondeur la véritable nature des relations occultes qui lient depuis environ cinq ans Washington et Port-au-Prince. Quelles en sont les raisons sous-jacentes? Cette « lune de miel » observée entre le parti démocrate et le PHTK ne devrait-elle pas inciter les citoyennes et les citoyens à la réflexion et à la prudence?

Sincèrement, la stratégie développée par les États-Unis pour maintenir au pouvoir le régime néoduvaliérien issu des crimes électoraux de novembre 2010, lesquels ont conduit à l’intronisation démagogique du 14 mai 2011, dérange et irrite la conscience citoyenne. Haïti gardera encore longtemps les séquelles de cette grande « injustice » politique fabriquée dans les laboratoires ombrageux de la communauté internationale. Jamais de toute son existence, un peuple n’est descendu si bas. Avec le passage douloureux de cette « équipe de dévoyés » au sommet de l’État, les Haïtiens ont presque tout perdu. Il leur faudra plus d’un siècle pour réécrire les mots « souveraineté », « indépendance » et « honneur » sur les murailles où s’inscrivent les exploits épopéens de Vertières. Plus d’un siècle, disons-nous, pour recommencer à fredonner les paroles de l’Hymne au drapeau d’Édouard A. Tardieu :

« En avant tous, et d’un pied ferme,

Car nous voulons faire sentir

Que par-dessous notre épiderme,

Coule un sang pur, prêt à jaillir

Pour te laver, pour te défendre

De toute injure à ton renom,

À tous ceux-là qui veulent tendre

À te salir on dira non!

 ……………………………………….

 Déployons-là notre bannière

Qu’elle rayonne à tout jamais,

Dans la clarté, dans la lumière

D’une Haïti croissant en paix…

Et s’il nous faut faire la guerre,

Sans crainte et peur, sans lâcheté

Nous irons tous comme à Vertières

Combattre pour la liberté. »

 

C’est triste de constater une fois de plus que la lutte pour garantir et conserver la « Liberté » de nos compatriotes demeure avant tout un combat contre les puissances néo-esclavagistes.

Hélas! Il semble qu’il n’y a plus de femmes et d’hommes qui soient capables de s’élever à la hauteur de la crise politique chronique qui mine la « santé » de la Nation.

Dans le contexte de la politique internationale, c’est la capacité de nuisance militaire d’un État qui lui vaut le respect des puissances dominatrices. Les États-Unis, la Russie, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Chine, etc., utilisent entre eux le langage de la « négociation ». Ces rapaces évoquent souvent la nécessité de se réunir autour d’une « table de discussion ou de concertation » en vue de régler les différends qui les opposent. Par contre, les mêmes belligérants recourent à la locution conceptuelle de « domination hégémonique » pour signifier les rapports qu’ils développent avec les populations appauvries et affaiblies. Ils n’utilisent pas de « stratégie diplomatique » avec des pays qui ne détiennent aucun « savoir technoscientifique » dans le domaine de l’armement nucléaire. Si le mythomane politicien George W. Bush prit la décision le 20 mars 2003 de détruire la civilisation irakienne et de faire pendre Saddam Hussein sur la place publique, c’est parce que le « sadique » savait que Bagdad ne maîtrisait pas tout à fait les techniques qui lui auraient permis d’enrichir l’uranium. Au moment où nous rédigeons cette réflexion, aucun pays de la planète, qu’il se nomme les États-Unis ou l’Allemagne, ne commettrait le risque fatal d’agresser la Corée du Nord qui progresse considérablement dans ses recherches avec l’intention de parfaire ses capacités nucléaires. Kim Jong-un n’a-t-il pas compris que – pour ne pas finir comme le colonel Mouammar Kadhafi ou le président Saddam Hussein – il faut être capable de représenter une menace imminente pour les « grands ». Le progrès nucléaire dans le cercle vicieux de la mondialisation devient une arme de dissuasion et de survie. Les pays occidentaux ont fait montre d’une patience indescriptible dans les « négociations » pour convaincre l’État iranien de renoncer à ses ambitions d’avoir la bombe atomique.

Les relations entre les États-Unis et la République d’Haïti ont été installées dès 1804 sur des rails de domination. La révolte des esclaves qui a mené à la proclamation de l’indépendance est passée au large des rêves de grandeur des fondateurs de la patrie. Les héros voulaient ériger une Nation forte, capable de résister aux vagues de la servitude sociale et politique. Mais l’occidentalisme esclavagiste et féodal, rusé comme le renard de la fable, a joué contre leurs descendants la carte de la périclitation financière. En 1915, le gouvernement de Woodrow Wilson a forcé les coffres qui contenaient les réserves d’or du pays. Il a tout volé. Les États-Unis d’Amérique cherchent à maintenir la République d’Haïti dans un état permanent de dégradation sociale et de décadence économique qui génère une situation de pauvreté croissante.

Et pourtant, c’est grâce à l’esprit de solidarité et d’entraide du peuple haïtien que le Venezuela, la Bolivie et bien d’autres régions de l’univers arrivent à croiser le regard de leurs anciens « maîtres ». Sur ces os jetés au bord du chemin, il y avait de la chair…!

Les États-Unis et leurs alliés ont toujours considéré le peuple haïtien comme de la mauvaise herbe qu’il faut arracher et brûler. Barack Obama, le premier président noir de l’histoire de son pays, n’a jamais effectué une visite en Haïti. Il n’a manifesté aucun signe d’amitié et de respect envers ce peuple qui donna au monde, au risque et péril de sa vie, le plus grand exemple et la plus grande leçon de « démocratie ». Spartacus le fit avant Dessalines. Mais, malheureusement, il échoua. Barack Obama est un président cynique. Dans son discours sur l’état de l’Union, l’exécuteur à distance d’Oussama Ben Laden a passé plus d’une heure à saliver sur la puissance militaire de son pays. Pour lui, les États-Unis conduisent la destinée des peuples. Mais qui a vaincu vraiment Adolf Hitler durant la seconde guerre mondiale? Tous les historiens probes ne sont-ils pas unanimes à reconnaître que la guerre était pratiquement terminée lorsque le président Harry S. Truman détruisit Hiroshima et Nagasaki avec la bombe atomique?

Tous les analystes qui observent les remous politiques soulevés par la crise électorale constatent l’existence d’un malaise profond au sein du gouvernement de Barack Obama. Le Département d’État a les yeux cernés d’inquiétude. Cela se voit. Il dort mal. Cette affaire, qui pourtant devrait concerner en tout premier lieu les Haïtiens, semble préoccuper au plus haut point le « Harry S. Truman Building » à Foggy Bottom (Washington D.C.) où siège la prestigieuse institution dirigée par John Kerry.

Dès le premier tour des scrutins décriés, la Minustah et les ambassades accréditées à Port-au-Prince ne lancent plus des pierres en gardant les mains cachées derrière le dos. Elles sont montées sur leurs grands chevaux d’exigences, de sommation, de chantage, d’intimidation, de réprimande pour fustiger et diaboliser la classe politique qui bloque la poursuite du processus et qui adopte même – et avec raison – une position radicale de « tabula rasa ». Visiblement, les missions diplomatiques et consulaires défendent – comme à l’accoutumée – des intérêts mesquins qui risquent de plonger davantage Haïti dans l’anarchie sociale, le chaos politique et la catastrophe économique. La promulgation des résultats partiels des élections à la Gaillot a occasionné des manifestations quasi quotidiennes à travers le pays. La population a déploré des morts et des blessés. Sandra Honoré, Peter Mulrean, Paula Caldwell St-Onge, Elisabeth Beton Delègue, Manuel Hernández Ruigómez, Klaus Peter Schick ferment les yeux. N’émettent aucune note de blâme – comme ils le font avec l’opposition – à l’encontre de l’institution policière de Godson Orélus qui violente les manifestants pacifiques. Ils décident. Et ordonnent. Les nouveaux « tigres » obéissent. Bondissent. Et dévorent. Cette attitude laxiste enrobée d’une tolérance exagérée que la période la plus corrompue de toute l’existence de l’État haïtien bénéficie des ambassades, des consulats et de la Minustah sème des doutes sérieux, des soupçons graves, des présomptions de culpabilité dans les esprits. Que redoutent ces pays du G7, au cas où le 7 février 2016 n’aura pas répondu à leurs attentes?

Parvenu à ce stade avancé de la discorde électorale, nous pensons que Sandra Honoré et ses associés auraient dû recourir à cette « sagesse salomonienne » – si elle existe encore – qui leur permettrait de se rappeler que l’esprit des foules déchaînées échappe à la philosophie de la « raison pure ». Lorsqu’il s’agit de protéger des intérêts patriotiques, les masses populaires ont montré qu’elles sont capables d’enjamber les barrières complexes de l’extraterritorialité. Que Jean Vilbrun Guillaume Sam et Charles Oscar Étienne en soient cités comme témoins!

Nous avons l’impression que la communauté internationale ne croit pas qu’il existe quelque part dans ce pays une femme ou un homme qui soit encore capable de déclarer comme Rosalvo Bobo : « Je préfère mourir m'envelopper dans mon drapeau que de servir l'étranger ! »

Le mercredi 5 janvier 2016, le State Departement a dépêché deux représentants spéciaux à la capitale haïtienne. L’ambassadeur Thomas Shannon et le conseilleur spécial pour Haïti Kenneth Merten ont clairement avisé les « fauteurs de trouble » – comme ils les qualifient eux-mêmes – que la Maison Blanche a résolu d’aller jusqu’au bout de la « saleté » de Pierre-Louis Opont. Cet Alexandre Legrand de Washington – qui n’est pas le fils de Philippe II de Macédoine, et qui n’a pas été élevé non plus par Aristote – exige donc que la « comédie » de Molière soit rejouée le dimanche 24 janvier 2016 à la même heure et au même amphithéâtre. Comme par hasard, après avoir fait ses génuflexions devant Kenneth Merten, le « serpent » Pierre-Louis Opont a trouvé la formule magique qui lui permettra d’arrêter le soleil comme « Josué » et de livrer la « marchandise de contrebande » le 7 février 2016 aux portes des « commandeurs ». Pierre-Louis Opont n’écoutera même pas les conseils salutaires de sa compagne. Même au péril de son foyer! La « chose » est donc possible. Enfin, Papa Gede Moïse Jovenel, « bèl gason » devant les « loas de Guinée », habillé tout en blanc, et sous les applaudissements hypocrites des Tèt Kale, se hissera avec son « ogresse » sur le trône de la souillure. Et la gargote repartira de plus belle jusqu’à la saison nouvelle.

Dans l’enfer des élections démonisées, nous voudrions revisiter les paroles du « mulet sage » de La Fontaine chargé d’avoine à son « collègue mulet » agressé et mourant, à cause de l’or qu’il transportait sur son dos :

« Ami, lui dit son camarade,

Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi :

Si tu n’avais servi qu’un Meunier, comme moi,

Tu ne serais pas si malade. »

 De quoi perdre le nord

N’avez-vous pas constaté que Ban Ki Moon, valet des États qui font partie du Conseil de sécurité des Nations unies ose donner lui aussi des ordres au peuple haïtien par l’entremise d’un promagistrat franchement prétentieux. Cette Trinidadienne de Tunapuna s’illusionne. Elle semble se croire investie d’un pouvoir plénipotentiaire. Quelle sotte prétention! Comment un triste personnage originaire d’un pays de 1 222 363 habitants, établi sur un petit territoire de 4 827 kilomètres carrés, peut-il ambitionner la capacité de tenir 11 millions d’Haïtiens en laisse, comme des animaux domestiques? Les patrons de cette créature bizarre ont-ils pris le soin de lui expliquer qu’il existe sur cette terre où elle additionne la hardiesse et l’effronterie un idéal péraltien qui coule dans les veines de chaque individu ? Ce n’est pas vrai qu’il n’y a plus de Pierre Sully dans ce pays qui a dynamité le système d’esclavagisme mondial! Trinité-et-Tobago – malgré les avantages économiques tirés du pétrole, des gisements de gaz naturel et de la production d’asphalte – ne se comparent pas – sur le plan historique – à la République d’Haïti. N’était-ce le complot des néoféodaux pour punir le crime de l’indépendance, le sous-sol national regorge assez de richesses naturelles pour offrir aux habitants de l’île les moyens d’élever leur niveau de vie socio-économique. Nous y incluons la République dominicaine dont une large composante de la société civile se trouve dans la gêne.

Malgré les aveux de Clifford Brandt dans le cadre des affaires criminelles de kidnapping, malgré la disparition mystérieuse du narcotrafiquant Évinx Daniel, malgré la libération incompréhensible de Woodly Éthéard alias Sonson La Familia, et malgré bien d’autres révélations scandaleuses autour de la famille présidentielle, les « liens anormaux » ne sont pas rompus entre le corps diplomatique et les Tèt Kale. Washington, Ottawa, Paris ne peuvent pas faire semblant de ne pas remarquer que l’engin qu’ils propulsent de manière tout à fait aveugle transporte à son bord un ramassis de fripouilles qu’aucun Larousse ne permet de qualifier. Les diplomates se parlent entre eux. Ils se vident le cœur en sabrant le champagne.

L’ex-Premier ministre canadien, Stephen Harper, n’a jamais invité le « gourou » sorcier d’Haïti à Ottawa. Et pourtant, il existe une communauté haïtienne importante au Canada. L’homme est jugé associable. Le dirigeant d’un pays prestigieux – même en privé – saurait-il s’exhiber en compagnie d’un « débiteur d’obscénités » et d’un vulgaire personnage qui se livre partout et à n’importe quel moment aux activités d’« exhibitionnisme fessier »?

Par ailleurs, le jeudi 6 février 2014, Barack Obama, sur l’insistance des lobbyistes, acceptait finalement de rencontrer son homologue haïtien à la Maison Blanche. Les échanges se sont déroulés dans une ambiance désenthousiasmée. Le petit « gouverneur » d’Haïti a bénéficié d’une hospitalité misérable, « digne de son rang »… Même au cours de la conférence de presse traditionnelle, il paraissait évident que le président démocrate transpirait de malaise aux côtés de cet invité inculte que l’opinion publique adjectivise avec le mot infréquentable. Quelques jours plus tard, les populations mondiales ont pu observer l’accueil chaleureux et exceptionnel que le président des États-Unis réservait à François Hollande au cours de sa grandiose visite d’État. Et Pourtant, n’est-ce pas grâce à l’appui de l’administration Obama et à la présence de la Minustah que le gouvernement de « Ti manman cheri » n’a pas été emporté par les vagues des manifestants en colère ? Les militaires des Nations unies, contrairement à leurs attitudes démissionnaires au Rwanda, n’ont-ils pas été obligés d’intervenir à plusieurs reprises aux côtés des unités spécialisées de la police nationale pour disperser à coups de gaz lacrymogènes des foules chauffées à blanc qui ne cessent de réclamer le départ des « Satanés »? Et ce qui peut paraître bizarre, les puissances occidentales présentes en Haïti s’entendent toutes pour admettre que l’équipe de l’ « ogre musicien » est trempée jusqu’à la moelle dans des transactions criminelles inusités et immondes.

La Maison Blanche, le Département d’État, le Pentagone, Le palais de l’Élysée à Paris, le 24 promenade Sussex, à Ottawa, assimilent les autorités port-au-princiennes à une horde de brutes et de truands, pires que le Lee Van Clef ou le Fernando Sancho de tous les vieux westerns spaghetti réalisés dans les studios de Cinecittà ou de Los Angeles ? L’actuel gouvernement de Port-au-Prince porte sur ses épaules des présomptions de crimes odieux. Et pourtant encore, il est soutenu, protégé par l’Occident. Où dénicher la trappe secrète qui mène aux mystères de cette union forcée et contre-nature?

En peu de mots

Les Clinton veulent retourner à la Maison Blanche. Mais la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti présidée par Bill Clinton risque d’occuper une grande place dans la campagne électorale d’Hilary. Le camp des démocrates respire une inquiétude craintive. Le parti républicain ne ratera pas l’occasion d’en parler. Les fonds alloués ont été mal gérés. Et même détournés, selon des rumeurs persistantes. Le 31 mars 2010, 60 pays réunis à New York déclaraient en présence de la presse internationale qu’ils disposaient de 10 milliards de dollars pour aider Haïti à traverser la mauvaise passe. Où est passé l’argent confié au « proconsul » Bill Clinton et à l’ex-premier ministre Jean-Marx Bellerive? En matière de reconstruction, ces deux larrons n’auraient pratiquement rien à prouver au cas où l’État haïtien décidait d’intenter contre eux une poursuite judiciaire pour gaspillage ou détournement de fonds. Des avocats ont entrepris des démarches auprès des parlements des États-Unis, de la France, du Canada afin qu’une enquête soit ouverte sur la gestion malhonnête de Bill Clinton à la tête de la CIRH. Joel Léon opinait dans Le Grand Soir du 8 novembre 2014:

« Aux États-Unis, la grande presse ne s’est pas vraiment intéressée à cette question. Les élections sont proches. Hillary Clinton, la femme de l’ancien président Bill Clinton, pourrait être candidate à la présidence. De ce fait, on évite ce sujet. Ce pourrait être un grand embarras pour la candidate Clinton si on en parlait trop. Heureusement, il y aura toujours des gens déterminés à faire le jour sur des affaires aussi crapuleuses, comme celle des milliards de dollars alloués à la reconstruction d’Haïti. »

Barack Obama et le parti qu’il représente auraient donc compris – comme la plupart d’entre nous – que le scandale de corruption dénoncé au sein de la CIRH pourrait se transformer en une épine dangereuse au pied d’Hillary Clinton. L’affaire est devenue une bombe à retardement qu’il faut s’empresser de désamorcer avant que le bouillant Donald Trump la fasse exploser… Une équipe de « malfrats » encore aux commandes d’Haïti éviterait certainement la fuite de certains dossiers économiques brûlants et compromettants pour Bill Clinton et son compère Jean-Marx Bellerive qui occupe actuellement la fonction de conseiller spécial auprès du « roi » des magouilleurs. Ainsi, le talon d’Achille de la candidate démocrate serait protégé. Fort de ces remarques, n’importe qui pourrait s’interroger sur les degrés d’implication éventuelle de la Maison Blanche et du Département d’État dans la perpétration des crimes du 9 août et du 25 octobre.

Les Tèt Kale sont à la fois « produits » et « producteurs » de corruption. L’arrivée au pouvoir d’une équipe de politiques préoccupée par le bon fonctionnement des institutions étatiques présenterait trop de risques pour des instances influentes de la communauté internationale. Plusieurs – comme on le sait déjà – sont déclarées empoisonneuses de la paix sociale et de la sécurité publique. Elles financeraient des gangs armés dans tous les quartiers bidonvillisés de Port-au-Prince. Le « banditisme » qui déchire le tissu social d’Haïti est une invention étrangère machiavélique. Quand ils sont saouls et drogués, la langue des chefs des gangs se délie. Ils n’hésitent pas à révéler leurs sources de financement. La police de Godson Orélus ne partage pas les contenus accablants des interrogatoires subis par les assassins avec la population ou la presse. Les «envahisseurs blancs » ont une grande part de responsabilité dans le pilotage de la machine infernale de l’insécurité. Ils exploitent la situation phénoménale de phobie quasi généralisée pour vider en toute tranquillité les ressources naturelles concédées en dehors des normes constitutionnelles par le « règne des charognards ». Personne ne sait ce que les étrangers transportent la nuit d’un coin d’Haïti à un autre pays! Les ambassades et la Minustah ne peuvent pas se dédouaner du « merdier » trop visible qui démembre Haïti. Avec des patriotes à la tête de la République, certaines vérités politiques et économiques s’exposeraient à la lumière du jour.

Seulement

La crise électorale aiguë qui divise Haïti respire une odeur de révolte généralisée qui pourrait conduire aux portes d’une insurrection populaire incontrôlable, avec des conséquences dommageables pour l’élite possédante. Qu’est-ce que les masses souffreteuses auront à perdre des grands bouleversements sociaux et politiques qui s’agitent et se profilent à l’horizon ? Les miséreux ne possèdent pas dans le désert des tentes qui sont menacées par la levée du vent et la tempête de sable. Les couches sociales qui détiennent des intérêts économiques puissants à Port-au-Prince et dans les villes de province n’auraient-elles pas intérêt à raisonner les « ivrognes » et les « drogués » qui imaginent que leurs passeports étrangers les mettent à l’abri des explosions qu’occasionnerait une situation spontanée de déchaînement populaire ? Ce qui n’est pas du tout souhaitable pour ce pays. Car le ciel et la terre y passeront !

Les oligarques d’Haïti misent-ils sur la présence de la Minustah pour protéger leur vie et leurs biens contre un éventuel soulèvement de la population désespérée et frustrée? Ne serait-ce pas méconnaître les surprises et les incertitudes de l’histoire? Les autorités politiques illégitimes et la bourgeoisie bureaucratique et compradore ont-elles remarqué les écrans de fumée qui masquent les mécontentements des agents policiers négligés et sous-rémunérés? Ils sont fatigués de vivoter. Alors que Godson Orélus et ses petits copains de l’état major de la police nationale – proches de la Cour caligulienne – croquent dans la pomme d’une vie princière.

En 1789, il y avait des soldats parmi les foules qui prirent d’assaut les dépôts d’armes et de munitions de la Bastille. En 1917 en Russie, ce furent les mêmes observations. Le 7 février 1986 en Haïti, les gendarmes descendaient dans les rues aux côtés des masses et scandaient des slogans hostiles aux États-Unis qui avaient soutenu le duvaliérisme durant 29 ans. Ne Faudrait-il pas rappeler que les policiers haïtiens viennent eux-aussi de la matrice du peuple? En 1946, le chef d’État fantoche, Élie Lescot, l’apprit à ses dépens et paya chèrement les conséquences découlées de son acte d’allégeance au président Harry Spencer Truman.

Dans la marche triomphale de l’histoire, les épées ont souvent changé de camp pour se retourner contre des « rois» impénitents…

Pensons à Nicolas II et Alix Victoria Héléna Louise Béatrice. À Adolf Hitler et Eva Braun. À Benito Mussolini et Clara Petacci. À Nicolae Ceausescu et Lenuta Petrescu…! Entre autres!

 

Georges Jean-Daniel!

16 janvier 2016

Laurent Lamothe dénonce les abus du CEP

Décrié, le Conseil électoral provisoire (CEP) continue avec le processus électoral et compte organiser le second tour des élections présidentielles le 24 janvier 2016. L’ancien Premier ministre, Laurent Lamothe, qui intervenait le vendredi 15 janvier 2016 sur les ondes de la radio Métropole, a fait savoir que: "ça fait longtemps que ce CEP fait des abus".

« Le pays est victime de ce processus électoral. Ce CEP est en manque de crédibilité et pose des actions arbitraires sans explications », a ajouté Laurent Lamothe qui pense que Jovenel Moise et Jude Célestin sont des victimes de l’incompétence et l’absence totale de bonne gestion de ce Conseil électoral.

« Quand je criais contre les actions de ce CEP, tout le monde pensait que ce conseil pourrait donner de meilleurs résultats », a avancé Lamothe à un moment où les décisions du Conseil électoral deviennent de plus en plus critiquées par la classe politique et plusieurs organisations de la société civile.

Il faut se le rappeler, après délibération des juges le 2 juin 2015, le BCEN avait décidé de rejeter la candidature à la présidence de Laurent Lamothe pour défaut de décharge. HPN

source: Radio Xplosion 96.5 FM Stereo Gonaives Haiti

Publier par: Georges Jean-Daniel

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